Léa Drucker incarne Stéphanie Bertrand, une inspectrice de l’IGPN, autrement dit la police des polices. Elle est amenée à enquêter sur une bavure policière peut-être commise par certains confrères sur un adolescent qui défilait pacifiquement pendant une manifestation des Gilets jaunes. C’est une enquête explosive, parce que les autorités supérieures n’ont aucune envie que l’image de la police soit écornée par cette bavure alors que les forces de l’ordre sont déjà sur les dents avec la multiplication de ces manifestations. Stéphanie Bertrand va prendre cette enquête très à cœur, parce qu’elle est émue par cet adolescent et sa famille, qui sont issus du même petit patelin qu’elle a quitté pour monter à Paris… Mais elle veut rester professionnelle et impartiale.

Léa Drucker est décidément une des meilleures actrices de composition du cinéma français actuel ; on la découvrait il y a quelques semaines en infirmière prise également dans un dilemme dans le drame "L’intérêt d’Adam" de Laura Wandel ; aujourd’hui, dès la première scène de "Dossier 137", elle est immédiatement convaincante en inspectrice intègre mais malmenée. Et Dominik Moll réussit la performance de ne pas décevoir après son excellent film précédent "La nuit du 12" et s’affirme comme un grand cinéaste réaliste.

La force de son cinéma, c’est le soin apporté à ses scénarios, coécrits avec son complice Gilles Marchand. Dans les intrigues façonnées par le duo, on détecte un travail solide de documentation et un sens de la progression dramatique : pas de flottement, pas de "ventre mou", un récit qui prend le spectateur et ne le lâche plus. Remarquable.

Hugues Dayez