Une histoire d’amour entre deux personnages en marge, un vieux cinéma dans une ville côtière de la Grande-Bretagne… Sam Mendes laisse derrière lui la franchise James Bond (Skyfall, Spectre) et les tranchées de la première guerre mondiale (1917), et écrit une déclaration d’amour aux salles de cinéma
Hasard du calendrier, effet post confinement, nostalgie de la salle face à la montée en puissance des plateformes de VOD ? En ce début d’année, plusieurs cinéastes célèbrent la magie du cinéma, qu’il s’agisse de l’objet film ou du lieu où il prend vie. Après le foisonnement baroque de Babylon (Damien Chazelle), le récit autobiographique de Steven Spielberg dans son merveilleux The Fabelmans et avant de découvrir en avril Cinema Pameer, documentaire qui raconte le dernier cinéma de Kaboul, c’est Sam Mendes qui nous livre sa propre partition dans une histoire qui plante son décor dans les coulisses d’un cinéma local dans l’Angleterre de Margaret Thatcher.
Nous sommes en 1981. Hilary (Olivia Colman) est gérante du cinéma Empire, une salle art déco encore très belle mais un peu fanée, dans la ville balnéaire de Margate. Ce cinéma est géré par le pompeux M. Ellis (Colin Firth) avec qui elle a une relation intime toxique et clandestine. Malheureuse en amour et psychologiquement très fragile, Hilary voit sa vie s’éclairer avec l’arrivée dans l’équipe de Stephen (Michael Ward), un jeune homme noir qui éveille rapidement une passion longtemps refoulée chez cette femme célibataire. Mais le racisme endémique que Stephen endure quotidiennement met leur relation à l’épreuve.
Avant de réaliser deux épisodes de la série James Bond et de nous livrer l’expérience de 1917 (construit comme un seul gigantesque plan séquence), Sam Mendes avait déjà enflammé la critique et le public avec deux portraits finement ciselés : celui de Lester Burnham (Kevin Spacey) dans American Beauty et puis d’April Wheeler (Kate Winslet) dans Les Noces rebelles. Empire of Light, magnifié par la photographie de Roger Deakins, se glisse dans le sillage de ces deux précédents titres par le côté intime de cette romance touchante qui éclot et grandit au sein d’une salle de cinéma.
LES GRIGNOUX