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LE JEUNE IMAM
Jusque-là plutôt connu pour des films testostéronés, Kim Chapiron fait preuve, pour raconter l’histoire d’Ali, son jeune imam à la trajectoire chaotique, d’une maîtrise et d’une gravité insoupçonnées, mâtinées d’une incroyable douceur
Kim Chapiron trouve ainsi le ton le plus juste pour, mine de rien et sans tomber dans la mièvrerie ou le prosélytisme, décrire ce qu’est, au quotidien, la pratique de l’islam, en France, aujourd’hui. À des années-lumière donc de la vision anxiogène, paranoïaque, que propagent à longueur de flux et d’antenne des éditorialistes de comptoir en mal d’audience et de sensationnalisme.
Au commencement il y a Ali, jeune adolescent poussé comme une herbe folle dans la banlieue de Montfermeil, qui n’a comme horizon que la somme des petits larcins qui lui permettront de s’offrir quelques rêves dérisoires, au grand désarroi de sa mère qui l’élève seule. En désespoir de cause, elle se résigne à l’accompagner au Mali – au bled – pour que son oncle et ses proches lui inculquent l’éducation qu’elle ne parvient pas à lui donner. Ça n’ira pas sans mal, mais après un abandon de dix ans, Ali, un diplôme d’études coraniques en poche, peut enfin revenir chez les siens. C'est l’occasion pour lui d’enfin trouver sa place en se servant de l’enseignement qu’il a reçu au Mali. Et il n’a pas froid aux yeux, Ali, ni peur d’endosser le large costume d’imam de la mosquée du quartier. Porteur d’un islam moderne et positif, en phase avec son temps, il sera un imam 2.0, avec encore l’inconscience de sa jeunesse mais avec aussi une grande sincérité. La passion et la générosité ne mettent pas à l’abri des tourments intimes et des tentations (ah, la griserie du « like » et de la notoriété sur les réseaux sociaux !), ni des aigrefins toujours prompts à abuser de la foi candide des croyants.
Filmé tout en nuances et en délicatesse, le parcours d’Ali nous interroge d’une manière universelle sur la religion, sur la place que prennent dans la société ceux qui la pratiquent, sur la vision d’un islam progressiste du quotidien. Co-écrit avec – entre autres – le Ladj Ly des Misérables, Le Jeune Imam est ancré dans une réalité sociale que ses auteurs ont visiblement à coeur de raconter. Ils le font à travers un récit à la fois beau, ample et d’une grande intensité.