LES BANSHEES D'INISHERIN
Dans le folklore irlandais, les Banshees désignent des fées, oracles de mauvais augure. Quant à Inisherin, c’est une petite île créée de toutes pièces par le cinéaste. L’action de son film se déroule au début des années 1920. Alors que la guerre civile fait rage en Irlande, il ne se passe rien ou presque sur Inisherin. Chaque soir, dans l’unique pub du coin, Padraic (Colin Farrell) et Colm (Brendan Gleeson) se retrouvent autour d’une pinte pour discuter de tout et de rien. Jusqu’au jour où Colm, lassé de ces bavardages et désirant se consacrer à son violon et ses mélodies, coupe les ponts avec Padraic. Désemparé, celui-ci va tout faire pour renouer avec son ami, mais Colm menace de se mutiler si Padraic lui adresse encore une seule fois la parole…
"The Banshees of Inisherin" réunit toutes les qualités d’un grand film. L’écriture de McDonagh, jamais bavarde, toujours savoureuse, teintée d’un humour noir cruel et singulier. Sa galerie de personnages : derrière les deux amis – inoubliables — il y a des seconds rôles magnifiquement dessinés. Son casting : aux côtés de Farrell et Gleeson, tous deux parfaits, Barry Keoghan campe un jeune "idiot du village" bouleversant. Sa mise en scène, qui montre Inisherin à la fois comme décor envoûtant et prison à ciel ouvert, où tous les dérèglements d’humeur sont possibles… Enfin, sa superbe direction photo et sa musique, signée par l’excellent Carter Burwell, le compositeur attitré des frères Coen.
Inclassable, puissamment original, "The Banshees of Inisherin" confirme, après l’inoubliable "Three Billboards", l’immense talent de Martin McDonagh.
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