LES CYCLADES

À 16 ans, Blandine et Magali sont inséparables. L’une est sage, réservée, bonne élève ; l’autre est bruyante, envahissante, marche au culot. Ensemble, elles rêvent de visiter l’île grecque d’Amorgos, là où a été tourné Le Grand Bleu, leur film fétiche (on est en 1988). Les années passent et, comme souvent, les chemins se séparent. Aujourd'hui, Blandine va mal. Son mari vient de la quitter pour une jeunette, son fils part vivre en coloc et sa réussite professionnelle semble finalement bien fade face à la décrépitude de sa vie sentimentale. Le passé resurgit à travers un vieux CD d’Éric Serra retrouvé dans un carton et, grâce à un petit coup de pouce de son fils, Magali réapparait dans sa vie. La scène des retrouvailles annonce la couleur de la suite. Coincée dans son chemisier fermé jusqu’au dernier bouton, Blandine subit les assauts affectueux d’une Magali pulpeuse et sexy, pleine de vie. Véritable tsunami, elle déballe sans pudeur ses combines et ses aventures amoureuses comme si elles s’étaient quittées la veille. Centrée sur sa dépression, Blandine a bien du mal à entrer dans l’univers coloré et rocambolesque de son ancienne amie. Un peu (beaucoup) poussée par son fils, elle accepte d’inviter son ancienne amie pour des vacances au soleil. Destination : les Cyclades, et plus précisément, l’île d’Amorgos.

Le film est un vrai délice de ces situations conflictuelles ou complices qui font le sel des voyages et des amitiés. Avec des dialogues rythmés, des différences orchestrées, des répliques cinglantes, Marc Fitoussi provoque rire et émotion tout au long de ce boat-trip où chaque étape est une épreuve menant à deux reconstructions. On retrouve avec plaisir le duo Laure Calamy/Oliva Côte (déjà face à face dans Antoinette dans les Cévennes), chacune dans un personnage taillé sur mesure. Le duo est rejoint dans la deuxième partie par une Kristin Scott Thomas en mode hippie et le film amorce alors un tournant dans l’histoire de ces deux femmes qui tentent de retrouver la magie de leur adolescence. Avec le bleu et blanc des îles grecques en toile de fond, Les Cyclades offre une jolie parenthèse ensoleillée dans la grisaille de l’hiver belge.

LAURENCE HOTTART, les Grignoux