Les Petites Victoires
Mélanie Auffret explore la désertification rurale dans un feel good movie touchant, joyeux et jamais mièvre
En deux films seulement, la cinéaste aura réussi à imposer sa patte singulière. Une manière de raconter le quotidien de ce qu’on appelle aujourd’hui « les territoires » avec une tendresse et une empathie jamais mièvres pour créer des fables feel good, que ne renieraient pas les Britanniques, grands spécialistes du genre. Son territoire à elle, c’est sa Bretagne natale. Et après Roxane et son producteur d’œufs qui rendait ses poules heureuses en leur clamant du Cyrano, elle nous entraîne dans le petit village de Kerguen, symbole de la désertification rurale qui gangrène nos campagnes, à travers le combat d’Alice, sa maire-institutrice (Julia Piaton, lumineuse), pour éviter la fermeture de son école où vient de s’inscrire… Emile, un sexagénaire (Michel Blanc, savoureux) bougon soudain désireux d'apprendre à lire et à écrire. Mélanie Auffret développe ici une galerie de personnages plongés dans des situations que la réalité rude entraîne sur le terrain de l’absurde, mais sans jamais verser dans le pittoresque. Car ce personnage et ces situations, elle les connaît par cœur et, si elle avance avec l’optimisme chevillé au cœur, elle ne se fait donc aucune illusion sur l’issue du duel entre pot de terre et ce pot de fer. Mais son geste militant passe donc par l’humour, par un vrai sens de l’émotion qui touchent directement au cœur car rien n’y est fabriqué ou forcé. Parce que Mélanie Auffret sait qu’avec l’épatante bande de comédiens qu’elle a réunis, un regard vaut plus que mille mots.