SIMONE, LE VOYAGE DU SIÈCLE

Olivier Dahan est un réalisateur au parcours de yo-yo. S’il a permis à Marion Cotillard de recevoir un Oscar (en plus d’une foultitude de prix) pour sa prestation dans La Môme, il a aussi signé quelques titres que les cinéphiles se sont empressés d’oublier. Après une absence de plus de huit ans, le cinéaste revient avec ce biopic sur une des personnalités féminines françaises les plus marquantes du 20e siècle : le parcours de Simone Veil est effectivement d’exception, tout comme son message humaniste et sa pensée novatrice. Déportée à Auschwitz-Birkenau, elle a survécu au camp de concentration et a consacré sa vie à la cause humaine, à la justice et à l'autodétermination. Après avoir obtenu un diplôme de l'Institut d'Études Politiques de Paris, elle ne cessera de combattre différentes formes d’injustices. Deuxième femme en France à occuper un poste de ministre, celui de la Santé, elle vouera une partie de sa carrière à défendre la cause des femmes, notamment en plaidant pour la libéralisation de l'accès à la contraception ainsi qu’en signant la loi sur l'interruption volontaire de grossesse. Elle sera aussi la première femme à présider le Parlement européen et est, aujourd'hui, l'une des très rares femmes à être entrée au Panthéon, où elle repose aux côtés de Marie Curie et Joséphine Baker, pour ne citer qu’elles.

Simone, le voyage du siècle est divisé en deux parties. C’est d’abord Rebecca Marder (Une jeune fille qui va bien) qui prête ses traits à la jeune Simone, tandis qu’Elsa Zylberstein campe la femme mûre, au moment où elle entame et poursuit sa carrière politique.

En plus d’être un biopic poignant et émouvant, ce portrait qui alterne les moments intimes avec ceux, plus historiques, de la femme publique, raconte aussi tout un pan de l’histoire politique française. Il fait résonner à nouveau les discours passionnés de Veil et nous rappelle les combats qui ont été menés pour libérer les femmes du carcan patriarcal. À l’heure où la Cour Suprême des États-Unis a fait reculer le pays de plus de cinquante ans en révoquant le droit à l’avortement, (re)découvrir la pensée humaniste de cette personnalité exceptionnelle devient presqu’une nécessité absolue.

LES GRIGNOUX