Exceptionnellement, je place ce film un samedi......
car je ne serai pas libre le dimanche, baby sitting oblige.
SOUS LE VENT DES MARQUISES
François Damiens, dans l’un de ses plus beaux rôles, mélancolique et poignant, incarne un père en plein doute existentiel qui tente de renouer avec sa fille (Salomé Dewaels, excellente elle aussi), alors qu’il doit jouer Brel au cinéma
Quand Alain doit jouer Brel, son destin se mélange à celui de l’artiste. Cette rencontre va le rapprocher de sa fille et bouleverser sa vie…
François Damiens réussit une grande performance, tout en fragilité et mélancolie. Tout commence par une mise en abîme du métier de comédien, puis l’on glisse petit à petit vers une réflexion sur les limites qu’il est bon de se fixer un jour pour ne pas perdre pied, alors que l’on aura été jusque-là un père absent. Cela aurait pu être un film sur Jacques Brel avec fastes et lourdes reconstitutions. Nous découvrons plutôt une chronique de la vie de famille qui se sert très justement du chanteur belge comme prétexte. La description de la relation père-fille est poignante car elle ne s’autorise aucun pathos et en montre toutes les facettes, douces comme dures.
Pierre Godeau rapproche progressivement ses deux personnages principaux, montre joliment combien l’imaginaire produit par la lecture d’un scénario peut amener une fille à mieux comprendre son père. Dans l'une des toutes belles séquences du film, le père et la fille lancent la conversation au comptoir d’un café comme s’ils ne se connaissaient pas, devant le regard curieux de la serveuse. On sent alors que quelque chose se passe au-delà de la fiction même, précisément entre les deux comédiens, et c’est particulièrement beau à découvrir. Que Pierre Godeau ait laissé la place dans son film à des petits moments prétendument anodins comme celui-là témoigne de la sensibilité discrète et de la liberté de son film.
Sous le vent des Marquises est un beau film, modeste et touchant, qui aborde de grands enjeux de notre vie, en trouvant les bons mots et avec cette générosité communicative que symbolise un duo de comédiens si attachant.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux